Amphétamines et dérivés
Qu’est-ce que c’est ?
Les amphétamines (ou speed) représentent une famille de molécules de structure proche de l’amphétamine. Selon cette structure moléculaire, les effets d’un dérivé seront davantage psychostimulants ou hallucinogènes ou anorexigène. Étant donné leurs propriétés principalement stimulantes, ils ont été utilisés pour augmenter l’activité intellectuelle ou physique (dopage), pour empêcher le sommeil, et, encore récemment, comme coupe-faim. Leur toxicité ainsi que la forte dépendance qu’ils entraînent sont à l’origine de leur classement comme stupéfiants depuis la fin des années 1960.
Les amphétamines se présentent sous forme de poudres plus ou moins pâteuses, généralement blanches mais pouvant parfois être de couleur (rouge, rose, vert…) et d’odeur caractéristique (se rapprochant parfois de l’essence ou du kérosène).
L’ecstasy désigne à l’origine un comprimé contenant un dérivé amphétaminique de synthèse, la MDMA (3,4-méthylènedioxyméthamphétamine). Ces comprimés, de fabrication plus ou moins artisanale, peuvent porter différentes couleurs et divers logos.
De nombreuses substances peuvent être contenues dans ces comprimés (dérivés amphétaminiques ou non, médicaments…) provoquant des effets plus ou moins éloignés de ceux attendus par les consommateurs d’ecstasy (MDA, MDEA, MBDB, MCPP…).
Lorsque le produit est présenté sous forme de poudre/cristaux (contenue ou non dans une gélule), les usagers l’appellent simplement « MDMA », « MD » voire « D ». Cette poudre est d’aspect cristallin et sa couleur peut varier du blanc (le plus souvent) au noir (plus rare) en passant par diverses teintes (rose, gris, marron…). A la fin des années 2010, la forme poudre/cristaux était réputée comme « moins coupée » et de « meilleure qualité » que la forme comprimé, et avait donc la préférence des usagers.
Depuis cinq ans environs, la forme comprimé tend à reprendre de la valeur aux yeux des usagers, conséquence d’un renouveau du design (3D) et couleurs des comprimés mais aussi de la réapparition sur le marché de comprimés fortement dosés en MDMA. Les comprimés sont avalés (« gobés »). La forme poudre/cristaux est le plus souvent avalée mais peut aussi être sniffée. Lorsqu’elle est consommée par voie orale, la poudre est soit conditionnée dans une gélule, soit emballée dans une feuille de papier à cigarette. Cette dernière forme de présentation est nommée « parachute» ou « para » par les usagers. Il existe de rares injecteurs ou fumeurs de poudre d’amphétamine.
Les effets et méfaits
L’amphétamine possède des propriétés stimulantes fortes et anorexigènes. La MDMA (comme ses dérivés) possède des propriétés stimulantes (principalement) et hallucinogènes (faibles), principalement dus à des mécanismes sérotoninergiques.
Les délais d’apparition des effets vont de quelques minutes quand elle est sniffée, à 30 à 90 minutes quand elle est avalée. Ils durent 4 à 6 heures (ecstasy), voire 6 à 12 heures (amphétamine).
Ces effets sont une euphorie/bien-être, une stimulation, des propriétés entactogènes (facilitant le contact) et empathogènes (donnant l’impression de comprendre les autres), une diminution des sensations de fatigue, faim, soif et une exacerbation des sens (principalement toucher et ouïe) qu’accompagne une mydriase (dilatation de la pupille).
Les méfaits sont autant à court terme qu’à moyen et long terme :
- l’élévation de la température corporelle (hyperthermie),
- celles de la pression artérielle et du rythme cardiaque ;
- des effets digestifs (nausées/vomissements) ;
- trismus (forte contraction des mâchoires) et bruxisme (grincement des dents) ;
- troubles musculaires (crampes, contractions involontaires),
- de la fonction érectile,
- du sommeil et toxicités cardiaque, rénale, hépatique, neuronale plus ou moins établies et discutées.
Une réaction de « bad trip », redescente désagréable et troubles de l’humeur est possible, (jusqu’à quelques jours après), comme des hallucinations (seulement en cas de surdose). Les décès sont rares, sous forme de surdoses par absorption massive de MDMA et/ou en association à d’autres produits.
Les méfaits à long terme présentent d’autant plus de probabilité de survenue que les prises sont rapprochées et que les doses sont élevées.
La dépendance « psychique » s’accentue en cas d’usage intense avec apparition d’une anxiété majeure, de dépression grave, voire un vécu paranoïaque et des troubles mentaux. Physiquement, la perte de poids et des atteintes des cloisons nasales en cas de sniff aggravent la situation.
Quelques repères pour réduire les risques et messages clés
Le contenu réel du produit
Selon une étude de l’OFDT, près de quatre usagers sur dix consomment une autre substance que celle annoncée lors de l’achat d’une « drogue de synthèse ». Cette étude réalisée en 2009 explorait le contenu des drogues classiquement retrouvées dans l’espace festif alternatif (MDMA, dérivés amphétaminiques, Kétamine etc) et excluait la cocaïne (produit non synthétique), le LSD (propriétés volatiles du produit rendant l’analyse difficile) ainsi que les produits non caractéristiques de cet espace (dont le GHB).
En 2014, l’OFDT nous informe que les teneurs en MDMA ont considérablement augmentées dans les comprimés ces dernières années. Les doses moyennes par comprimé sont ainsi passées de 50 à 60mg dans les années 2000 à un peu plus de 100mg de MDMA depuis 2012, certaines pouvant atteindre 200mg.
Les produits vendus comme amphétamine, MDMA ou ecstasy peuvent donc contenir de fortes quantités de produit recherché mais aussi d’autres dérivés amphétaminiques plus stimulants ou plus hallucinogènes, divers médicaments, de la caféine…Seule une analyse toxicologique permet d’en connaître la composition exacte.
Favoriser un accès fiable et rapide à ces analyses pour les usagers permet d’améliorer les connaissances liées au contenu des drogues et construire des stratégies adaptées et pertinentes de réduction des risques avec les personnes qui en consomme.
Le leurre des logos
Les comprimés d’ecstasy portent souvent des logos qui ne sont aucunement la garantie d’une composition. Deux comprimés portant le même logo peuvent avoir une composition très différente. Le fractionnement des doses est une façon d’éviter les mauvaises surprises (la moitié de la dose usuelle par exemple). Certaines molécules (PMMA) présentent une cinétique d’absorption plus lente que la MDMA et mettent donc plus de temps à induire des effets. Attendre 2 heures avant de décider d’une éventuelle nouvelle prise permet de mieux gérer les effets des comprimés supposés contenir de la MDMA.
Des effets variables
Une consommation trop importante ou trop rapprochée dans le temps de dérivés amphétaminique peut induire un risque de « bad trip », voire de syndrome sérotoninergique (tremblements, élévation de la température corporelle, tachycardie…) pouvant entrainer le décès. Durant l’été 2014, 4 décès suspectés ou identifiés ont éte´ signalés comme liés a` une consommation de MDMA (OFDT 2014).
Comme toutes les drogues (mais c’est particulièrement le cas pour les stimulants), les effets sont aussi variables en fonction de l’état de l’usager. Un usager en condition physique ou psychique diminuée (stress, fatigue, anxiété…) ne ressentira pas beaucoup (voire pas du tout) les effets qu’il recherche et s’expose au risque de « bad trip ».
Conseil hygiéno-diététiques
Les nausées/vomissements peuvent être prévenus en mangeant un repas léger mais énergétique peu de temps avant la consommation de MDMA (éviter un repas lourd pendant la prise).
Pour éviter la déshydratation et l’hyperthermie, mieux vaut ne pas consommer d’alcool mais boire de l’eau (régulièrement et en faibles quantités), se reposer régulièrement lors de la soirée et ne pas trop se couvrir.
La « redescente » est désagréable. Reprendre un autre amphétaminique expose à des risques cardiovasculaires d’autant plus importants que la prise est rapprochée et la dose est élevée. Prévoir un temps de repos à l’écart de la fête permet d’atténuer cette sensation.
Les jours suivants la consommation, les usagers rapportent souvent une sensation de dysphorie (anxiété, tristesse, irritabilité) pouvant être particulièrement marquée 2 à 3 jours après la prise d’amphétaminiques. Ce sont les manifestations des contre effets inévitables qui nécessitent une « récupération ». Certains usagers prennent le soin d’un aménagement d’emploi du temps afin de ne pas avoir de décisions importantes à prendre les jours qui suivent la prise. La consommation d’amphétaminique est éprouvante pour le fonctionnement cérébral. Ménager des temps de non-consommation (4 à 6 semaines minimum) permet d’éviter l’installation de troubles de l’humeur (dépression).
Polyconsommation
Éviter les mélanges en toutes circonstances: la MDMA et les amphétamines ont des effets puissants que la consommation d’autres produits stimulants n’augmente pas, mais en accroît les risques toxiques et les dommages induits. L’ecstasy et les amphétamines pouvant interagir avec de nombreux médicaments, il est conseillé aux usagers qui suivent un traitement chronique ou aigu de se renseigner auprès de leur médecin ou pharmacien sur les interactions potentielles.
Du fait de ses propriétés pharmacologiques, la consommation d’amphétaminiques est fortement déconseillée aux personnes atteintes de troubles cardiovasculaires (troubles du rythme, hypertension…), hépatiques, rénaux et/ou psychiatriques.
A propos de la méthamphétamine
La méthamphétamine (méthylamphétamine-hydrocloride) est un stimulant de synthèse puissant. Elle se présente sous forme de cristaux transparents (ice, crystal…) ou intégrée à des poudres contenant souvent des amphétamines.
Contrairement à l’Asie ou l’Amérique du Nord, la méthamphétamine est peu présente (voire absente) en France malgré l’intérêt voire la fascination d’une frange des usagers de stimulants. Les produits revendus comme méthamphétamine sont en grande majorité d’autres stimulants (amphétamine principalement) et la présence de méthamphétamine peuvent relever de la rumeur. L’accès à la méthamphétamine pourrait cependant croitre en France via l’accès au Darknet (« Substances illicites ou de´tourne´es : les tendances re´centes (2013-2014) ». OFDT, 2014)
Les critères de prix (méthamphétamine >> amphétamine) et de présentation (poudres à cristaux fins pour la méthamphétamine versus poudres grossières et souvent colorées pour les amphétamines) peuvent être de premières indications quant à la composition réelle du produit.
Les effets et méfaits sont similaires à ceux induits par la consommation d’amphétamines mais bien plus prononcés et de durée plus longue (de 8 à 24 heures).
Lors d’une première consommation, un dosage extrêmement faible (quelques milligrammes) suffit à provoquer des effets très marqués.
Le plus souvent, la méthamphétamine est fumée à l’aide de pipes en verre spécifiques ou injectée.
Ce produit est souvent utilisé comme aphrodisiaque car il a la réputation d’augmenter le désir sexuel et la désinhibition. Mais ce type d’effet est inconstant et une consommation chronique s’accompagne souvent de troubles érectiles induits voire d’une absence de libido.
La consommation de méthamphétamine provoque une forte tolérance et une dépendance très sévère qui s’installent rapidement. De plus, le produit est souvent consommé de manière très compulsive ce qui accroît bien évidemment l’ensemble des risques.