Cette étude rétrospective réalisée chez nos voisins belges et hollandais, a tenté d’évaluer l’efficacité des traitements de l’hépatite C auprès d’une population d’usagers de drogue par voie veineuse (UDIV) comparativement à une population de patients recevant un même traitement et non usagers de drogue.
406 dossiers patient ont été analysés, dont 98 usagers de drogue recevant ou non un traitement de maintenance à la méthadone.
La compliance, définie par la présence du patient à la fin du traitement, est comparable dans les deux groupes (6,8 % de non compliance pour les patients non usagers de drogue versus 8,2 % pour les patients usagers de drogue). La réponse virologique à la fin du traitement, définie par la PCR, est comparable dans les deux groupes. La réponse virologique soutenue est meilleure dans le groupe des usagers de drogue, 46,6 % versus 34,6 %, différence légère mais significative qui s’estompe si on tient compte de la différence de représentation de génotypes répondeurs dans les 2 groupes. Il n’y a pas de différence entre les patients usagers de drogue avec ou sans traitement de substitution par la méthadone.
Les auteurs de cette étude concluent qu’il n’y a aucune justification à refuser le traitement d’une hépatite C chronique pour des patients usagers de drogues.
Commentaires de la rédaction
Cette étude va dans le sens de ce que souhaitent les intervenants en toxicomanie préoccupés par le VHC. Il n’y a aucune raison valable aujourd’hui d’écarter les usagers de drogue du traitement de leur hépatite C chronique, en tous cas, pas pour des raisons de non-compliance supposée, ni de soupçons infondés quant à la réponse virologique espérée à la fin du traitement.
Ce sont des sujets jeunes, souvent avec un génotype qui fait d’eux de bons répondeurs, motivés et pour lesquels la guérison de l’hépatite C peut retentir sur leur santé mentale et physique de façon spectaculaire.
Néanmoins, même si l’une des conclusions va dans le sens d’une compliance et d’une réponse comparable pour les usagers de drogue avec ou sans méthadone, il faut éviter de prendre le risque d’une ré-infection toujours possible en cas d’usage de drogue par voie intraveineuse.
Les évaluations récentes montre que lorsque les patients sont traités par la méthadone, les pratiques d’injection diminuent, ainsi que les taux de séroconversion à l’hépatite C. C’est le rôle des intervenants en toxicomanie de s’assurer que les patients soient traités pour leur hépatite, mais aussi de faire en sorte qu’ils bénéficient d’un traitement de substitution efficace sur leurs pratiques d’injection.