Ces cliniciens australiens ont souhaité vérifier ce que certaines recherches suggèrent, à savoir un effet anti-dépresseur de la buprénorphine, notamment pour des patients traités pour leur dépendance aux opiacés.
Par ailleurs, depuis quelques années, dans de nombreux congrès (Europad, THS…), cet effet anti-dépresseur, supposé supérieure à celui de la méthadone, fait l’objet de communications, sans que des études à la méthodologie rigoureuse aient été menées, et sur la foi de propriétés pharmacologiques (antagoniste des récepteurs kappa) et d’études réalisées chez l’animal. Une seule étude clinique en ouvert sur dix patients (non-dépendants aux opiacés) présentant une dépression résistante aux traitements a été réalisée et publiée en 1995.
L’étude présentée ici est une étude randomisée en double aveugle. Au total 147 patients ont été suivis pendant 3 mois, Les patients recevaient soit de la buprénorphine (n=68) et un placebo de méthadone, soit de la méthadone (n=79) et un placebo de buprénorphine. La posologie des deux traitements était adaptée en fonction des besoins des patients (20 à 150 mg/j de méthadone-moyenne : 50 mg/j en moyenne au moment de l’évaluation à 3 mois, 2 à 32 mg/j de buprénorphine : 8,6 mg/j en moyenne au moment de l’évaluation à 3 mois).
Résultat
Les deux traitements améliorent les symptômes de dépression de façon significative (p<0,001). Il n’y aucune différence significative (p=0,83) dans les deux groupes pouvant laisser suggérer la supériorité d’un traitement par rapport à l’autre dans l’amélioration des scores de dépression.
Cette étude rappelle qu’il est délicat d’avancer des propositions cliniques uniquement basées sur des considérations pharmacologiques que seule l’évaluation clinique rigoureuse peut asseoir.
Dans le même ordre d’idée, il y a quelques années, dans bon nombre de manifestations, il était courant d’entendre que le syndrome d’abstinence néo-natal d’enfants de mères recevant de la méthadone serait plus important que chez les enfants de mères recevant de la buprénorphine. L’explication logique était que le premier est un agoniste puissant et le second un agoniste partiel, donc forcément… jusqu’à l’étude de Lejeune qui montrait aucune différence significative dans les 2 groupes, rappelant là-aussi qu’au delà des intuitions et interprétations, il est bon d’étayer ses propos par des études cliniques validées.