A l’occasion de la publication de sa lettre d’information Tendances n° 110, l’Observatoire Français des Drogues et des Toxicomanies (OFDT) revient dans son numéro de juillet 2016 sur les résultats de l’enquête RECAP.
Cette enquête nationale, mise en place en 2005 suite à la convergence des centres s’adressant aux personnes avec des problèmes d’alcool (CCAA) et celles en difficultés avec des drogues illicites (CSST), synthétise les données issues des rapports d’activités des CSAPA (Centres de Soins d’Accompagnement et de Prévention en Addictologie).
Ainsi, le numéro 110 de Tendances revient sur les principales évolutions du profil des patients entre 2007 et 2014.
Alcool et cannabis de plus en plus présents
En avant propos, l’article rappelle que le public des CSAPA est très diversifié. Qu’il s’agisse de l’âge, de la substance ou du milieu, « cette hétérogénéité incite à écarter toute représentation unique et stéréotypée des personnes venues chercher de l’aide dans ce dispositif ».
Sur le plan de l’âge, les 25-45 ans sont surreprésentés (plus particulièrement les 30-39 ans. Ce public est plus largement masculin. Parmi les produits posant le plus de problèmes dans les CSAPA, l’alcool arrive en tête (1 patient sur 2), suivi du cannabis (1 sur 5), des opiacés (y compris les Traitements de Substitution Opiacée TSO – près d’un patient sur 5) et enfin le tabac (1 sur 20).
Entre 2010 et 2014, les auteurs notent deux évolutions principales :
- Une baisse de la part des opiacés hors TSO ;
- Une augmentation de la part du cannabis, davantage de personnes citant le produit comme étant celui posant le plus de problème (+ 40 %).
Les dernières données en date montrent que l’âge moyen varie fortement selon le premier produit mis en cause. Après analyse des différents profils de patients, l’OFDT fait ressortir 3 groupes :
- Les personnes prises en charge en raison d’un problème d’alcool ou de tabac, qui représentent près d’1 patient sur 2 ;
- Celles prises en charge pour un problème de consommation de cannabis (environ 20 %)
- Enfin, les personnes ayant des difficultés avec les opiacés ou d’autres drogues illicites, généralement polyconsommatrices, et représentant 30% des patients suivis.
Personnes prises en charge pour l’usage d’alcool ou de tabac : groupe le plus important
Dans ce groupe dont l’effectif ce situe entre 135 000 et 142 000 personnes, l’alcool est le produit cité comme posant le plus de problèmes pour près de 9 patients sur 10. Chez les fumeurs, l’alcool apparait comme produit consommé ou à l’origine de la prise en charge pour 40 %. Par rapport à l’ensemble de la population suivie en CSAPA, l’âge moyen est plus élevé (proche de 44 ans), avec une sous-représentation des moins de 25 ans.
Sur un plan socio-économique, ces personnes vivent plus souvent seules (38%) qu’en population générale, témoignant d’un isolement plus important. Le taux d’emploi stable est également plus faible comparé à la population nationale (52% en CSAPA Vs 82% en France).
Les personnes prises en charge pour usage de cannabis
En 2014, entre 53 000 et 56 000 personnes ont été prises en soin pour usage de cannabis. Les Consultations Jeunes Consommateurs (CJC) concernent 40-50% de ces patients.
Majoritairement composée de jeunes (70 % ont moins de 30 ans), ce groupe compte principalement des hommes (86%). Avec la crise, l’OFDT constate un accroissement de la précarité de certains usagers.
Les personnes prises en charge pour usage des autres drogues illicites : un âge moyen en augmentation, une augmentation de l’accès aux traitements de substitution
L’effectif de ce groupe est estimé entre 79 000 et 84 000 personnes. L’âge moyen, 37 ans, est en forte hausse depuis les années précédentes (34,4 ans en 2010).
La consommation d’opiacés est fréquente. Dans 9 cas sur 10, ces usagers suivent un TSO. Le pourcentage de prise en charge est en hausse (en 2007, 42% des patients déclaraient n’avoir jamais été pris en charge contre seulement 29% en 2014).
La prescription d’un TSO, en particulier de la méthadone, est en hausse (+8%) s’inscrivant dans une tendance générale d’accès accru à ce traitement. La place de la buprénorphine se réduit (-7%). La substitution à base de sulfate de morphine concerne quant à elle 2,5% des usagers. L’usage d’héroïne est en baisse du fait d’un accès plus important au TSO, rapporte l’auteur (!).
La place de la consommation par voie intraveineuse se réduit (23% en 2007 contre 18% en 2014). Ce mode de consommation a chuté de façon importante parmi les consommateurs de BHD mais beaucoup moins pour ceux consommant de l’héroïne.
Enfin, l’enquête RECAP revient sur la prévalence déclarée du VIH qui est stable depuis plusieurs années : elle s‘établit à 7% en 2014. La prévalence déclarée du VHC s’est réduite de 4 points depuis 2007 : 52% des patients en 2007 contre 48% en 2014.