Le nombre de patients recevant un traitement par la méthadone se situe, en fin 2006, autour de 25 000. C’est 15 000 de plus qu’au début de l’année 2000.
Cette augmentation, sensible et constante, est le fait d’une pratique de relais croissante vers les médecins de ville et pharmaciens d’officine.
Ces relais sont mis en œuvre par les Centres de soins spécialisés, et depuis 2002 par une cinquantaine de services hospitaliers qui assurent également la primoprescription de méthadone.
Le nombre de patients traités ainsi par un médecin généraliste et dont le traitement est délivré par un pharmacien d’officine, avoisine, quant à lui, les 17 000 patients.
Pour la plupart, il s’agit de patients en échec thérapeutique avec un premier médicament de substitution, souvent injecteurs de ce traitement, et qui, en seconde intention, se rendent ou sont adressés à un centre ou service primo-prescripteur.
Même s’il y a des différences considérables d’un centre à l’autre dans la pratique des relais, ces patients sont pour la plupart, tôt ou tard, réadressés à leur médecin traitant.
Cela a pour conséquence que la majorité des patients arrivant à l’entrée des services spécialisés pour être traités par la méthadone, sont des patients souvent plus lourds, avec des problématiques psycho-sociales plus aiguës et des comorbidités psychiatriques plus importantes.
Ils viennent en seconde intention, plaçant ainsi la méthadone en position de médicament de seconde ligne.
Les résultats obtenus avec la méthadone doivent être analysés à l’aune de cette situation, en considérant le fait qu’il s’agissait souvent de prendre en charge des patients en échec thérapeutique.
A l’autre bout du spectre, il y aussi des usagers très bien insérés, sans fortes comorbités, et dont la demande consiste seulement en un changement de thérapeutique, pour des raisons d’inefficacité ou d’effets secondaires.
Si les premiers ont parfois du mal à intégrer des structures à haut seuil d’exigence, les seconds rechignent à se présenter dans des établissements qui ne leur paraissent pas adaptés.
C’est probablement à ceux-ci que pensent les experts du groupe Méthaville, mis en place par l’ANRS pour réfléchir à un futur cadre de primo-prescription de méthadone en ville.
Pour les premiers, ceux en échec avec un premier traitement, il est peut-être raisonnable de considérer qu’une prise en charge dans un service spécialisé puisse rester la meilleure solution.
Quelles que soient les solutions retenues, il faut probablement arriver à ce que chaque patient puisse bénéficier du médicament dont il a besoin, dans le cadre de soins le mieux adapté à sa situation. Et il doit pouvoir en changer à chaque fois que nécessaire, tester l’alternative, dans les deux sens, comme dans d’autres pathologies.