L’épidémie de VHC, qui persiste de façon préoccupante, nécessite l’amplification de la politique de réduction des risques qui a permis de limiter les contaminations par le VIH. En effet, cette politique a consisté à promouvoir l’usage unique et personnel de la seringue. Elle doit désormais intégrer les conseils d’usage unique et personnel de l’ensemble du matériel de préparation à l’injection, et notamment du filtre.
La conservation, le partage et la réutilisation des filtres : des facteurs de risque majeurs de contamination VHC
Des études récentes démontrent que la conservation, le partage ou la réutilisation des filtres sont des facteurs de risque majeurs de contamination par le VHC. La conservation et la réutilisation des filtres sont dues à leur capacité à retenir du produit actif. Ces études ont été menées auprès d’usagers de drogues par voie intraveineuse chez qui étaient étudiées les pratiques précédant leur séroconversion.
- En 2001, dans la cohorte de Seattle (USA), 54 % des séroconversions VHC non liées à la seringue étaient liées au partage de la cuillère et du filtre.
- En 2002, dans la cohorte de Chicago (USA), on observe que les contaminations chez ceux qui n’ont pas partagé la seringue sont trois fois supérieures chez ceux qui partagent le filtre.
- En 2003, dans la cohorte du nord de la France, le partage du filtre est le facteur de risque le plus associé à la séroconversion VHC (RR=16,3).
Dans l’enquête réalisée par l’Observatoire Français des Drogues et Toxicomanies en 2002 auprès des structures bas-seuil, près d’un tiers des usagers interrogés avaient partagé un filtre au cours du dernier mois. Les résultats de l’étude rétrospective sur les comportements réalisée au sein de la file active des patients du CSST d’Ivry-sur-Seine nous apprennent que plus de 7 usagers sur 10 ont déjà partagé un filtre tandis qu’ils sont également plus de 7 sur 10 à avoir déjà conservé un filtre après utilisation, pour dépanner en cas de manque dans 95 % des cas. Enfin, plus d’un tiers des patients interrogés (36 %) pensent avoir été contaminés par le VHC lors d’un partage de filtre/coton.
Le développement d’un nouvel outil de prévention : le filtre stérile à usage unique
Après le Steribox® et le Stericup®, l’association Apothicom développe depuis plusieurs années un filtre censé amener les usagers à choisir l’usage unique. Ce nouveau filtre est stérile, non-absorbant et pour limiter les risques liés à l’injection de particules, son pouvoir de filtration est très supérieur aux filtres actuellement utilisés.
- En 1998, un premier filtre est testé par des injecteurs fréquentant des structures de prévention parisiennes. Ce nouveau concept de filtre est plébiscité par 50 % des enquêtés, mais son efficacité ne semble pas satisfaisante avec certains produits.
- En 2000, un deuxième prototype de filtre est testé auprès de 55 UDIV recrutés dans 5 structures en fonction des produits consommés.
Différents éléments sont à retenir de ce deuxième test :
- 64 % des enquêtés déclarent garder leurs cotons dans un but de réutilisation,
- principales qualités déclarées : hygiénique, filtration de qualité ;
- principaux défauts déclarés : entrée d’air, pas de réutilisation possible.