Les derniers résultats de l’enquête Coquelicot montrent un recul de l’hépatite C.
Les pathologies infectieuses (VIH et hépatite C) chez les usagers de drogues par voie intraveineuse (UDIV) constituent un enjeu majeur de santé publique. Si l’épidémie de VIH a servi de catalyseur à la mise en place d’une politique de RDR (Médicaments de substitution opiacée, programmes d’échanges de seringues…) dans le milieu des années 90, de nombreuses interrogations persistent concernant VHC. On estime qu’en France, 200 000 à 300 000 personnes seraient infectées, souvent sans le savoir, des estimations plus précises étant difficiles à obtenir.
La consommation de drogues par injection expose particulièrement au virus puisque près de ¾ des nouvelles contaminations au VHC surviennent chez les UDIV. Suite à une prise de conscience par les pouvoirs publics d’une épidémie d’hépatites virales au début des années 2000, il a été décidé de mettre en place l’enquête Coquelicot pour mesurer le phénomène.
Cette étude est réalisée en structures spécialisées (CAARUD, CSAPA…) chez des usagers ayant injecté ou sniffé une drogue au moins une fois dans leur vie. Le statut sérologique pour le VIH et le VHC a été déterminé par prélèvement sanguin. Les résultats de l’enquête pour 2011 ont été publiés fin novembre 2013 par l’INVS (Institut National de Veille Sanitaire). Les précédentes données dataient de 2004.
Au total, près de 1600 personnes ont été interrogées dans différents établissements. Les participants étaient majoritairement des hommes (âge moyen 39 ans). Dans 70% des cas, le questionnaire était complété en CAARUD et dans 25% des cas en CSAPA.
Résultats
Au moment de l’enquête, trois-quarts des participants recevaient ou ont reçu un Médicament de Substitution Opiacée (MSO) – De la méthadone pour 64% d’entre eux, de la buprénorphine haut-dosage pour 38% et un sulfate de morphine pour 3%. Les principaux produits consommés durant le mois écoulé étaient les suivants (graphique ci-dessous). A noter que le tabac était omniprésent, et la consommation d’alcool fréquente (28% des usagers déclaraient une consommation d’alcool quotidienne – 15 verres / jour en moyenne).
Concernant les pratiques d’injection, 65% des personnes l’ont pratiqué au moins une fois au cours de leur vie. Contrairement à un sentiment général de réduction des pratiques d’injection, nous pouvons constater que leur prévalence atteint un niveau élevé chez les jeunes générations d’usagers : 53% des moins de 30 ans l’ont pratiquée dans le mois écoulé contre 33% des plus de 30 ans. Il faut néanmoins garder à l’esprit que la population de l’étude coquelicot n’est pas représentative de tous les usagers de drogues et reflète essentiellement le profil des personnes fréquentant les structures spécialisées.
Pour ce qui est des pathologies infectieuses, les résultats montrent l’impact positif de la politique française de RDR puisqu’entre 2004 et 2011, on constate une diminution de prévalence pour le VHC et une stabilité pour le VIH.
Selon l’étude, le VHC concerne principalement les personnes ayant plus de 40 ans (Données ci-dessous). Concernant le lieu géographique, après ajustement sur l’âge, seule la ville de Marseille ressortait avec un Risque Relatif pour le VHC de 1,8. Une des explications avancée serait une « tradition » plus importante de l’injection à Marseille pour les générations d’usagers de drogues des années 70 – 80.
En conclusion, les auteurs recommandent de poursuivre la politique de RDR avec l’expérimentation de nouveaux dispositifs (ERLI, Salles de Consommation à Moindre Risque, outils de prévention du passage à l’injection…).
Commentaire de la rédaction
L’enquête Coquelicot concerne la population des UDIV suivie en milieu spécialisé. Ses résultats peuvent être complétés avec les premières données de l’étude HEPCORT. Le comité scientifique de l’étude a publié les résultats de cet observatoire dans le Flyer 48 concernant les données de prévalence.
Hepcort a pour particularité d’être réalisé en médecine de ville, chez des patients sous MSO (méthadone ou buprénorphine), qu’ils aient été dans le passé injecteurs de drogues ou non. La prévalence moyenne du VHC, déterminée par tests salivaires (TROD), était de 26%. Tout comme pour coquelicot, les taux étaient plus élevés chez les personnes ayant plus de 40 ans et chez ceux résidant en région PACA ou en région parisienne. A l’heure où nous écrivons ces lignes, l’étude suit toujours son cours. Les résultats définitifs devraient être publiés courant 2015.