Cette étude récente, réalisée par une équipe française, a pour objectif de comparer la préférence des usagers de drogues pour le Subutex® (buprénorphine) ou pour Suboxone® (association buprénorphine/naloxone).
Utilisée dans de nombreux pays comme traitement de la dépendance aux opiacées, Suboxone® possède une autorisation de mise sur le marché européen depuis octobre 2006. Cette forme combinée de buprénorphine et de naloxone (Suboxone, rapport 4 :1) pourrait être une alternative pour réduire l’usage détourné de la buprénorphine, tout en conservant son efficacité et son innocuité.
Dans ce contexte, les auteurs ont donc réalisé une étude multicentrique prospective, ouverte, afin de comparer la satisfaction globale des patients vis-à-vis des deux formulations en fonction de plusieurs critères dont les caractéristiques des comprimés, le bein-être (wellbeing) et de désir de poursuivre le traitement avec l’association buprénorphine/naloxone. Les effets indésirables ont également été enregistrés pour mesurer la sécurité du transfert direct entre les deux formes.
A cette fin, les auteurs ont sélectionnés 53 patients dépendants aux opiacés (15 femmes et 38 hommes ; moyenne d’âge : 39±8.6 ans) , stabilisés par la buprénorphine depuis au moins 6 mois (posologie 2 à 16 mg/jour). Les patients recevaient un traitement par la buprénorphine à posologie habituelle les jours 1 et 2. Le passage à Suboxone se faisait directement à posologie équivalente les jours 3, 4 et 5.
Après chaque prise les patients ont évalué eux-mêmes, leur degré de satisfaction sur une échelle visuelle analogique (VAS) (0 = score le moins bon, 10 = meilleur score) en fonction d’une série de paramètres (score global, goût, taille, temps de dissolution des comprimés). A J5 les patients étaient ensuite interrogés sur le médicament avec lequel ils souhaitaient poursuivre le traitement.
L’analyse statistique des résultats a permis de mettre en évidence un taux élevé de satisfaction, similaire entre la buprénorphine (VAS : 6,83 – 7,04) et la combinaison buprénorphine/naloxone (VAS : 6,89-7,38).
Les seules différences qui ont pu être observées entre ces 2 médicaments concernaient les caractéristiques des comprimés.
Les patients préféraient nettement Suboxone® que ce soit pour le goût (p < 0,001, différence 4,3), la taille (p < 0.001, différence 1,1) et la durée de dissolution en sublingual des comprimés (p < 0.001, différence 2,8).
Ainsi, pour 54 % des patients Suboxone® était le traitement préféré, 31 % pour la buprénorphine seule, et 15 % des patients n’exprimaient pas de préférence.
A la fin de cette étude, la majorité des patients (71 %; 37/52) souhaitaient poursuivre le traitement par la buprénorphine/naloxone.
Les auteurs de cette étude n’ont pas identifié d’obstacles pouvant décourager l’usager à passer directement de la buprénorphine à l’association buprénorphine/naloxone, ni à poursuivre le traitement avec la forme combinée.
De plus certaines caractéristiques propres à Suboxone® (goût, taille, dissolution…) pourraient, selon les auteurs, faciliter le traitement par rapport à la buprénorphine seule (tout en limitant les risques d’usage détourné).