Prévenus par de mystérieuses invitations sur le web et par courrier confidentiel, plus de dix mille toxicomanes vont rejoindre, au nez et à la barbe de la gendarmerie, leur lieu de rendez-vous annuel. Ils se pressent de bon matin, venus des quatre coins de France, et il se murmure que cette année, des adeptes venus d’Angleterre, d’Allemagne et même d’Australie se joindront à la fête.
Le lieu, un immense hangar, des tentes dressées avec un professionnalisme qui étonne de la part de ces marginaux et des enfilades de salles préfabriquées manifestement prévues pour autre chose que la célébration de la drogue la plus dure au monde.
Les moyens : impressionnants, un service digne d’une visite présidentielle qui laisse suggérer des complicités en haut lieu, nous avons même pu repérer des gendarmes manifestement corrompus ou complices et un de nos indicateurs nous a signalé la présence d’un personnage galonné arborant des insignes de préfet. Nous n’osons imaginer qu’il puisse s’agir d’autre chose qu’un vulgaire imposteur mais l’état de corruption et de licence qui règne actuellement au sein des plus hautes sphères de l’état nous autorise aux suppositions les plus noires.
Ce sont cent, mille, des milliers de drogués dont le faciès réjoui prouve bien le degré de déchéance auquel la drogue les a conduits qui se pressent autour des tables vouées à la célébration de ce produit terrible qui réduit notre jeunesse à l’état de zombies balbutiants ; et il faut les voir apprécier doctement avec des mines extatiques les « qualités » de ce messager de la mort pour réaliser combien la drogue est un fléau qui menace même les fondements les plus sacrés de notre société. En effet, dans ce qu’on pourrait croire un ramassis de déchets improductifs se nichent des assureurs, des médecins, des procureurs, voire même des chefs d’entreprise, pervers adorateurs de cette substance mortifère qui mine les fondations mêmes de notre culture.
Nous n’avons bien entendu, faute des signes de reconnaissance secrets des adorateurs de la mort noire, pas pu pénétrer au cœur des rituels les plus abjects mais il est clair, selon nos informateurs, que cette gigantesque « rave-party » a pour but de sélectionner les produits les plus dangereux et d’en encourager la vente, au besoin en communicant le nom des dealers les plus fameux à la face du monde ; nous n’avons pas peur de l’affirmer, il s’agit bien là d’un complot visant à répandre la drogue la plus mortelle au sein de toutes les couches de la population et nous ne pouvons, au risque de nous répéter, que demander encore une fois : « Que fait la Police ! » et « A qui profite le Crime ! ».
C’était le samedi 17 avril 2004 à Mâcon, cinquantième édition du Concours National des Grands Vins de France dont je suis dégustateur officiel depuis dix-sept ans ; je me suis payé vingt-quatre Corbières d’affilé (en recrachant of course)…et c’était vachement bien !
Le meilleur éditorial des 12 ans de Flyer !
Pour clore ce numéro 50, nous avons décidé de publier ici le meilleur éditorial des 49 numéros déjà parus.
Assez rapidement, celui du Flyer 19, qui lui-même reprenait l’éditorial d’une lettre de réseau de juin 2004, a emporté l’adhésion de tous.
Les nouveaux lecteurs apprécieront cet humour desprogien. Quant aux plus anciens, ils redécouvriront cet éditorial, non dénué de bon sens addictologique.