Ces comportements de nos patients qui nous dérangent et qui sont des comportements typiquement humains :
« Ils ont tous quelques jours de traitement de substitution d’avance… »
Sincèrement, si je prenais un traitement dont je suis dépendante et dont on exige qu’il n’y ait aucun chevauchement dans la délivrance, je m’arrangerais pour avoir un peu d’avance au cas où j’aurais un empêchement de dernière minute.
Dans mon expérience de médecin généraliste, je n’ai jamais vu un seul patient venir renouveler un traitement alors qu’il avait pris la veille le dernier comprimé !
Il suffit de jeter un œil sur la pharmacie familiale pour constater qu’il y a beaucoup de médicaments au cas où… L’homme n’aime pas manquer.
« Ils dépannent les copains et ensuite ils réclament un chevauchement ! »
Qui n’a jamais dépanné un(e) collègue ou ami(e) avec du paracétamol que l’on a sur soi devant une forte céphalée !? Nos patients connaissent les symptômes du manque et dépannent les copains (amis ?) qui en ont besoin.
Entraide humaine simplement !
« Il n’est pas dans le soin, il continue à prendre des produits »
Que dire d’un diabétique qui ne suit pas son régime (bien que prenant un traitement), que dire des patients avec une hypercholestérolémie qui font de même, de l’hypertendu qui continue à resaler tous ses plats ?
L’homme, même s’il sait ce qu’il devrait faire, a beaucoup de mal à modifier ses habitudes !
« Ils sont tous menteurs et manipulateurs »
Qui n’a jamais menti, soit pour obtenir quelque chose fortement convoitée et que l’on a peu de chance d’obtenir (CV quelque peu modifié par exemple), soit pour éviter la réprimande ou la punition (c’est pas moi !).
L’obtention d’un traitement peut être tellement primordiale que l’on peut être amené à penser qu’il faut arranger la vérité. Le regard moralisateur, réel ou pas, d’un soignant peut amener à penser qu’il faut arranger la vérité pour éviter la réprimande ou la punition.
Quand le désir d’obtention ou que la peur de la punition sont forts, l’homme élabore la stratégie du mensonge.
Dans ces comportements, nos patients sont exactement comme les autres : des humains.