Brève rédigée d’après Barbara Boughton, from Medscape Medical News
Les résultats de cette nouvelle étude sur l’hépatite C (présentée à l’American Society of Addiction Medicine – ASAM – le 19 avril 2010), chez les patients en traitement d’entretien par la méthadone viennent enrichir la bibliographie existante montrant l’efficacité des traitements de l’addiction (substance abuse treatment) non seulement sur l’usage de drogue, mais également sur la réduction du risque de contaminations virales (étude non encore publiée).
Les auteurs (E. Peles et al.) ont réalisé cette étude au Dr. Miriam et Sheldon G. Andelson Clinic For Drug Abuse Treatment & Research de Tel Aviv (Israël) et ont constaté que, parmi les 207 patients VHC-négatifs admis entre 1993 et 2008, seulement 25 patients avaient été contaminés par le VHC. Ceci représente 2,2 % des personnes suivies par an.
Ils ont également évalué les facteurs de risques de la séroconversion au virus de l’hépatite C.
Interrogé par Medscape Medical News, le Dr Peles commente les résultats de son étude et indique que le fait d’avoir été un injecteur de drogues (118 patients dans l’étude), de consommer des benzodiazépines à l’admission (43 patients) et d’être réadmis dans le programme d’entretien à la méthadone après l’avoir quitté (41 patients) représentaient des facteurs prédictifs importants de séroconversion VHC ; le taux de séroconversion étant significativement plus élevé chez ces groupes de patients.
Le risque relatif pour les patients injecteurs de drogue était de 3,9 (p = 0,002), pour ceux qui faisaient l’objet d’une réadmission dans le programme de traitement par la méthadone, il était de 2,5 (p = 0,03), et pour les mésuseurs des benzodiazépines, le risque relatif était de 3,4 (p = 0,009).
Le Dr Peles a également déclaré que « Des interventions spécifiques pourraient être nécessaires pour réduire le risque de séroconversion chez les groupes à haut risque ». Selon les auteurs, celles-ci pourraient inclure un traitement médicamenteux de la dépendance de longue durée et une surveillance du VHC.
Une maladie chronique (« lifelong disease »)
Le Docteur Gavin Bart (Directeur du département des conduites addictives (Division of Addiction Medicine) au Centre médical du comté de Hennepin et professeur adjoint de médecine à la Medical School du Minnesota) a présidé et a animé la session durant laquelle cette étude fut présentée, pour lui « La dépendance est une maladie chronique, qui peut se prolonger toute la vie, et qui peut de ce fait nécessiter un traitement médicamenteux à vie – non seulement pour traiter la dépendance, mais aussi pour prévenir les infections comme l’hépatite C ».
Lors d’une interview pour la revue Medscape psychiatrie, le Dr Bart explique qu’ « Il s’agit d’une étude très importante car elle montre que non seulement le traitement fonctionne sur la dépendance elle-même mais que c’est également une mesure préventive contre l’hépatite C ».
Le Dr Bart conclue l’interview en rappelant que « le faible taux de séroconversion à l’hépatite C observée dans cette étude israélienne valide l’efficacité des traitements de la dépendance, comme la méthadone. »
Il ajoute également que « L’hépatite C représente une véritable épidémie parmi la population d’usagers de drogues avec des taux de prévalence de l’ordre de 60% à 90%. Il est donc important de rappeler que ceux qui reçoivent un traitement sont moins susceptibles d’être contaminé par l’hépatite C. »