« L’alcool plus dangereux que le crack ou l’héroïne », c’est que conclut une étude britannique largement médiatisée par les journaux et publiée dans la prestigieuse revue The Lancet en Novembre 2010.
Cette recherche a été réalisée par l’ « Independent Scientific Committee on Drugs for Crime and Justice Studies ».
L’objectif de cette étude était d’évaluer et de comparer les différents risques liés à la consommation récréative de drogues sur l’individu et sur la société. Pour cette recherche, le Pr Nutt et son équipe ont élaboré leur propre système d’analyse de décision multicritères (MCDA) – méthode se référant à la connaissance et à l’expérience d’experts dans la classification des drogues.
20 substances légales ou illégales ont pu être ainsi évaluées sur 16 critères : 9 concernaient les risques pour l’individu (mortalité, dépendance…) et 7, les risques pour l’ensemble de la société (criminalité, coût économique…).
Les experts ont ensuite noté chaque substance addictive sur 100 points, le score augmentant en fonction de la nocivité du produit.
Les conclusions de cette étude indiquent que les drogues les plus dangereuses pour l’individu sont l’héroïne, le crack, et la méthamphétamine (scores respectifs 34, 37 et 32), alors que celles les plus néfastes pour la société sont l’alcool, l’héroïne et le crack (46, 21, et 17, respectivement).
L’analyse du score global conclut que l’alcool représente la substance la plus nocive (score global 72), avec l’héroïne (55) et le crack (54) en deuxième et troisième places.
Les auteurs de cette étude concluent que leur analyse confirme les résultats de recherches antérieures réalisées au Royaume-Uni et aux Pays-Bas. Ils recommandent une révision de la classification des drogues en tenant compte des risques réels comparés des différentes substances et un sérieux renforcement de la stratégie de prévention contre l’usage abusif d’alcool.
Faute de pouvoir interdire la consommation d’alcool pour des raisons culturelles en Europe, les auteurs soulignent que les états devraient concentrer leurs efforts sur les alcoolodépendants plutôt que sur les consommateurs occasionnels d’alcool et privilégier l’éducation et la modération.