Les personnes souffrant de comportements alimentaires addictifs présenteraient une activité neurale similaire à celle des personnes dépendantes de substances, selon une nouvelle étude réalisée par Mme Ashley Gearhardt, doctorante en psychologie clinique à l’Université de Yale, et publiée en ligne dans la revue Archives of General Psychiatry.
Lors de l’observation des circuits neuronaux, les nombreux parallèles effectués entre dépendance à une substance et obésité ont incité les chercheurs à formuler une théorie selon laquelle des processus addictifs pourraient être à l’origine de l’obésité. Bien que des études aient exploré l’association entre récompense, anticipation de récompense et IMC, cette étude est la première à examiner le lien entre dépendance alimentaire (mesurée par le Yale Food Addiction Scale) avec un modèle spécifique d’activation neuronale (mesuré par imagerie à résonnance magnétique fonctionnelle (IRMf)) .
L’étude porte sur 48 jeunes femmes de corpulence variable (IMC moyen à 28) à qui des photos (stimulus visuel) étaient présentées, celles-ci annonçant la délivrance soit d’un milkshake chocolaté (aliment très appétent) soit d’une solution de contrôle insipide (formulée pour mimer le goût de la salive). Les chercheurs ont constaté que des scores élevés sur l’échelle YFAS étaient corrélés à une plus grande activation du cortex cingulaire antérieur (CCA), du cortex orbito-frontal médian (COF) et de l’amygdale lorsque les sujets étaient exposés à des photos induisant la délivrance du milk-shake (p <0,05).
Le CCA et le COF médian sont 2 régions cérébrales également impliquées dans la consommation de substances chez les dépendants aux drogues, ce qui confirme l’hypothèse des chercheurs quant à une activation identique du circuit de récompense dans l’addiction alimentaire et dans celle aux substances.
Comparativement aux participantes ayant des scores faibles (n=11), celles ayant des scores très élevés (N=15) ont montré une plus grande activation dans le cortex préfrontal dorsolatéral et le noyau caudé droit lorsque le stimulus anticipant la prise du milk-shake était présenté. Au contraire, les scores étaient négativement corrélés avec l’activation du COF latéral gauche lors de la consommation même de la boisson appétente (p < 0,05).
Les auteurs suggèrent que le plaisir lié à la consommation du produit appétant serait incompatible avec le degré de satisfaction attendu.
Ils concluent également que « ces résultats appuient la théorie selon laquelle le trouble alimentaire compulsif pourrait être provoqué, en partie, par une anticipation accrue des propriétés plaisantes de la nourriture. De même les usagers de drogues sont plus susceptibles de réagir physiologiquement, psychologiquement aux signaux associés à la substance consommée. »