L’étude de JL Sorensen et al., publiée dans Drug and Alcohol Dependance, soulève la question de l’équivalence des résultats entre résidants de communauté thérapeutique recevant un traitement par la méthadone et ceux n’en recevant pas.
Afin de répondre à cette question, les auteurs ont comparé des patients dépendants aux opiacés admis dans une communauté thérapeutique, traités par la méthadone (n=125 patients) ou sans traitement (n= 106), suivis pendant 24 mois.
Les patients des deux groupes présentaient des antécédents judiciaires et psychiatriques similaires.
L’objectif principal des auteurs était de déterminer le taux de rétention et la consommation d’opiacés illicites dans les deux groupes.
Dans une seconde hypothèse, un test d’équivalence a été réalisé afin d’évaluer l’usage de stimulants, de benzodiazépines, d’alcool, ainsi que les comportements à risque (VIH) chez ces patients.
Le nombre moyen de jours de traitement était statistiquement équivalent dans les deux groupes (166,5 pour le groupe méthadone et 180,2 pour l’autre groupe).
À chaque évaluation, le nombre de patients sous MMT positifs aux opiacés illicites était identique à celui du groupe de comparaison. La consommation d’opiacés illicites, de stimulants et d’alcool était également identique dans les deux groupes.
Concernant les benzodiazépines, les résultats sont statistiquement équivalents à l’exception de l’évaluation réalisée à 24 mois, où 7% des patients sous MMT ont été testés positifs aux BZD contre aucun dans l’autre groupe.
Aucune différence significative entre les deux groupes n’a pu être observée concernant les pratiques à risques comme l’injection ou les rapports sexuels non protégés.
Ainsi, dans cette étude, les patients en communauté thérapeutique sous méthadone et ceux sans MSO présentaient des résultats similaires.
Les auteurs fournissent donc des éléments de preuve supplémentaires que les communautés thérapeutiques peuvent modifier leur stratégie afin d’intégrer des patients traités par MSO.
Les auteurs rappellent également que ces résultats sont conformes à ceux obtenus en 1995 par G. De LEON et al, et confirment qu’un traitement méthadone peut très bien s’intégrer dans le modèle de « thérapie résidentielle » à la condition que se développe un certain nombre d’adaptations (compétences supplémentaires de l’équipe, changement de culture face à l’abstinence…).
Commentaire de la rédaction
Dans certains pays se manifestent depuis quelques années un retour à des concepts parfois en contradiction avec l’adoption large et consensuelle des MSO.
Cette étude tend à démontrer que l’idée de Communautés thérapeutiques orientées vers l’abstinence et donc sans MSO s’appuie plus sur un postulat idéologique que sur des preuves scientifiques.
A l’inverse, elle démontre que le maintien des TSO dans les communautés thérapeutiques n’a pas d’impact négatif sur les consommations de substances psycho-actives.