Cette recherche réalisée en 2002 a évalué et comparé les comportements alimentaires de patients traités par méthadone et de sujets contrôle non toxicomanes.
Son objectif était d’étudier les conduites alimentaires des patients sous méthadone, l’association entre consommation d’opiacés et préférence pour les aliments sucrés ayant été montrée dans plusieurs études.
A cette fin, les chercheurs ont sélectionné 14 patients suivant un traitement ambulatoire de substitution opiacée par la méthadone depuis 50,12 mois en moyenne, et 14 sujets-contrôle aux caractéristiques socio-démographiques similaires (19 femmes et 9 hommes, âgés de 19 à 59 ans). Des questionnaires détaillés portant sur les habitudes et préférences alimentaires (nombre, type et environnement des repas, désir de sucre, préoccupation liées au poids et à l’équilibre alimentaire, préparation des repas, désir présent de consommer un des aliments cités, et intensité de ce désir) ont été soumis aux sujets.
L’analyse des résultats au moyen de plusieurs outils statistiques a permis de mettre en évidence, chez les patients recevant de la méthadone, une consommation plus élevée de sucre, un désir plus prononcé de manger des friandises et une envie de consommer des quantités plus importantes que celles désirées par les sujets contrôle.
Toutefois, on note dans ce groupe une consommation plus élevée d’aliments sains, davantage d’efforts pour adopter une alimentation équilibrée, une plus grande fréquence de la répartition des trois repas par jour et une surveillance du poids plus attentive.
Les auteurs supposent que, chez ces patients, des comportements sains co-existent avec des conduites alimentaires plus anarchiques, et ils citent une étude montrant que les patients en TSO par méthadone ont une probabilité plus élevée que les patients en désintoxication d’avoir des apports alimentaires réguliers et complets.
Dans cette étude, il s’est également avéré que les patients recevant de la méthadone avaient des indices de masse corporelle significativement plus élevés que les sujets contrôle. Les auteurs indiquent les limites de leur recherche et appellent de leurs vœux une étude plus approfondie des comportements alimentaires.
Ils indiquent que leurs résultats et ceux des précédents travaux montrent qu’il existe un lien entre comportements et préférences alimentaires d’une part, et toxicomanie d’autre part, et évoquent des études montrant une nette préférence pour le sucré en cas d’exposition prolongée aux opiacés.
Ils soulignent que leur étude a permis de mettre en évidence un lien entre traitement de substitution opiacée par la méthadone et désir d’aliments caloriques.
Les résultats de cette étude suggère qu’une place importante doit être accordée aux conseils hygiéno-diététiques au cours des traitements par la méthadone.