Les adolescents ayant un comportement à risques présenteraient une baisse de l’activation du circuit cérébral de récompense, ce qui suggère selon cette nouvelle étude, un risque accru de dépendance ultérieure à une substance. Des recherches précédentes ont montré un lien entre accroissement de la prise de risque et addiction. Ces phénomènes sont associés à une réponse diminuée du système cérébral de récompense tel que l’aire du striatum ventral.
Les auteurs de l’étude notent cependant que la question reste ouverte quant à savoir si la prise de risque est liée au processus de récompense striatal « en l’absence d’abus de substances ».
Au sein d’IMAGEN, une étude européenne multicentrique sur la neuroimagerie génétique incluant plus de 2 000 adolescents, les auteurs ont examiné les données de 266 adolescents « sains » (tous âgés de 14 ans, 55% de filles) et ne rapportant pas d’usage de substance.
Une analyse additionnelle a été menée sur 31 de ces participants, comparaison étant faite à 31 autres adolescents (âgés de 14 ans, 48% de filles) ayant une consommation potentiellement problématique de substance (nicotine, alcool, haschisch, marijuana, amphétamines, cocaïne, crack, « ecstasy », héroïne, kétamine ou champignons hallucinogènes).
Plusieurs paramètres ont été mesurés : le Cambridge Gamble Task (CGT) a été réalisé pour évaluer le comportement de prise de risque des individus, l’imagerie par résonnance magnétique fonctionnelle (IRMf) a permis de mesurer l’activité cérébrale durant l’anticipation d’une récompense (incitation financière différée dans le temps) et l’IRMs (IRM structurale) a été employée pour mesurer le volume total de substance grise.
En comparant les différents sous-groupes, les individus rapportant une consommation problématique de substance avaient un score de comportement à risque significativement plus élevé (p=0,036) ainsi qu’une activation plus faible du striatum ventral gauche (p=0,036) par rapport à ceux sans usage problématique.
« Avant même l’apparition de la dépendance à une substance, la prise de risques et les propriétés fonctionnelles et structurelles du circuit de récompense sont chez les adolescents étroitement liés. Cela renforce leur rôle dans la prédisposition à l’abus de drogue » écrit l’auteur. « Ainsi, notre étude fait de la prise de risque un candidat pour la recherche des facteurs de vulnérabilité à l’abus de drogue ».
Le Dr Marianne Z. Wamboldt écrit dans un éditorial complémentaire que cette étude apporte la preuve que les modèles comportementaux observés durant l’enfance peuvent être identifiés comme facteurs de risque pour les troubles à l’âge adulte.
Elle ajoute : « Orienter ces adolescents vers une prise de risque plus acceptable telle que le sport de manière intensive ou les voyages exotiques pourrait leur apporter une stimulation nécessaire sans qu’ils éprouvent le besoin de recourir à des substances psycho-actives ».