L’arrêt du tabac chez les patients en traitement de maintien par la méthadone est une question récurrente : des niveaux de consommation élevés ont été fréquemment rapportés dans la file active de structures spécialisées et dans la littérature.
Dans ce contexte, une étude de cas publiée en juin 2011 dans la revue Annals of Pharmacotherapy fait état d’une interaction pharmacocinétique chez un patient recevant un traitement par la méthadone pour des douleurs chroniques et ayant amorcé un sevrage tabagique.
Le patient, âgé de 46 ans, a été admis en soins intensifs à la suite d’un tableau associant dépression respiratoire et état mental altéré consécutifs à un surdosage en méthadone.
Après avoir recouvré ses esprits et suite à une période d’observation de 3 jours, le patient rapporte avoir fumé près d’un paquet par jour pendant 33 ans et avoir amorcé récemment un sevrage tabagique. Il est ensuite retourné à son domicile avec une posologie plus faible de méthadone sans complication particulière.
Au cours de la discussion, les auteurs de l’article rappellent que la méthadone est majoritairement métabolisée par le CYP 3A4 et à un moindre niveau par d’autres isoenzymes dont le CYP 1A2.
La fumée de cigarette, contient des carbones polycycliques aromatiques connus pour être des inducteurs du CYP1A2 et susceptibles d’accroitre la métabolisation de la méthadone par effet d’induction enzymatique.
Le patient, dans le cadre de son sevrage tabagique, a diminué sa consommation de tabac, ce qui a eu pour conséquence de minimiser l’effet d’induction enzymatique. Cela s’est caractérisé d’un point de vue biologique par une augmentation des concentrations plasmatiques en méthadone et d’un point de vue clinique par un surdosage.
Les auteurs rappellent que bien que le CYP 1A2 ne soit pas une voie majeure de métabolisation de la méthadone, les praticiens doivent être informés quant à la survenue potentielle de ce type d’interaction.
Un traitement de maintien par la méthadone n’est évidemment pas une contre-indication à l’arrêt du tabac et, dans ce contexte, le risque de surdosage en méthadone n’est pas systématique. Des adaptations de la posologie doivent donc être effectuées si nécessaires sur la base de l’évaluation clinique.