Six services de maladies infectieuses et 11 unités d’addictologie de 5 Régions du sud de l’Italie ont conduit cette étude observationnelle prospective. Son objectif était d’évaluer l’influence d’un protocole multidisciplinaire standardisé de prise en charge sur l’efficacité du traitement de l’hépatite C chez des usagers de drogues (UD) engagés dans une démarche de substitution.
Ce modèle de prise en charge faisait intervenir une équipe composée d’un addictologue, un spécialiste des maladies infectieuses, un psychiatre ou un psychologue et au moins un infirmier.
Le suivi virologique régulier selon le génotype du VHC était assuré par les services d’infectiologie mais l’information sur la maladie et son traitement, l’injection hebdomadaire, la surveillance des effets secondaires, la mesure de l’observance et la prise en charge des difficultés rencontrées étaient gérés par les centres d’addictologie. Les modalités et le calendrier d’intervention de chacun des membres de l’équipe étaient programmés à l’avance.
53 sujets UD VHC + ont été inclus dans l’étude, dont 43,4 % infectés par des virus de génotype 1 ou 4. Une réponse virologique en fin de traitement a été obtenue chez 58,5 % des patients en ITT (39,1 % génotype 1 ou 4, 73,4 % génotype 3) et une réponse virologique soutenue 24 semaines après fin du traitement chez 54,7 % des patients en ITT (34,8 % génotype 1 ou 4, 70,0 % génotype 3).
Les auteurs considèrent ces résultats comme comparables à ceux obtenus dans d’autres populations non exclusivement UD. Ils concluent que leur approche multidisciplinaire standardisée de prise en charge facilite l’obtention d’une RVP chez les UD VHC +.
Commentaires de la rédaction
Malgré ses limites méthodologiques (faible effectif, caractère non comparatif), cette étude conforte dans la conviction que le succès d’un traitement du VHC chez l’usager de drogues est un objectif à portée de main. Les moyens à mettre en œuvre doivent s’adapter à cette population, qui fournit les plus gros contingents de patients à traiter : organisation de réseaux de transmission de l’information médicale, échange de temps médical, avec consultations spécialisées avancées. Le personnel paramédical dédié et spécialement formé est également un élément de poids.
Le suivi étroit mais laissant la place au volontariat autorise des succès sur tous les plans : succès hépatologique, mais également addictologique, l’usager de drogues pouvant à l’occasion de son hépatite, s’engager dans une démarche de substitution ou la reprendre avec une plus grande motivation. Dans cette étude italienne, sur 19 patients ayant dû interrompre leur traitement antiviral, 10 ont poursuivi leur programme de soins addictologiques.
L’une des conclusions de Guadagnino et al. est que le centre d’addictologie est le lieu privilégié de prise en charge de patients UD présentant une hépatite C, en relation organisée avec les autres intervenants du diagnostic et du traitement. Ils rejoignent en cela les résultats des différentes expériences de terrain relatées dans ce numéro du Flyer consacré à la prise en charge de l’hépatite C chez l’usager de drogues.