Pour rechercher les facteurs associé aux troubles du sommeil auprès de patients en TSO par la méthadone, une équipe israélienne a évalué la qualité du sommeil auprès de 101 patients entre juillet 2003 et juillet 2004. Ils ont utilisé l’échelle PSQI (Pittsburg Sleep Quality Index). D’autres critères ont été notés : le résultat de leurs analyses urinaires (méthadone, cocaïne, benzodiazépines, cannabis et amphétamine) au cours du mois précédant l’administration du questionnaire et leur posologie de méthadone. Pour 55 patients, les chercheurs disposaient des taux sanguins de méthadone. Par ailleurs, les patients s’auto-administraient un questionnaire pour évaluer leur statut par rapport à la douleur chronique, et les comorbidités psychiatriques étaient recherchées.
- 78 sont des hommes (78,2 %)
- 53 ont un diagnostic psychiatrique (52,5 %)
- 47 ont une douleur chronique (46,5 %)
- 47 ont des urines positives aux benzodiazépines (46,5 %)
- la posologie moyenne est de 157 mg/jour
- le PSQI moyen est à 9 ± 4,8
- 75 patients ont un PSQI supérieurs à 5, indiquent qu’ils sont de ‘mauvais dormeurs’
Les patients avec une mauvaise qualité de sommeil sont plus souvent positifs aux benzodiazépines, ont une douleur chronique et/ou une comorbidité psychiatrique. Ils ont aussi une posologie de méthadone plus élevée, et ont une période d’usage de drogue précédant le TSO plus longue. Ces deux derniers critères (durée d’addiction et posologie) sont également corrélés avec chacun des autres critères. A l’inverse, les scores du PSQI ne sont pas corrélés avec la durée de traitement par la méthadone, le sexe, l’âge, la consommation d’opiacés, de cannabis et de cocaïne.
Les auteurs concluent que les troubles du sommeil doivent être recherchés et traités auprès des patients traités par la méthadone, en particulier ceux qui ont une consommation de benzodiazépines abusive, des douleurs chroniques, une comorbidité psychiatrique et une posologie élevée de méthadone.
Au delà des résultats de cette étude, on peut noter par ailleurs la forte prévalence de douleurs chroniques dans cet échantillon et une fréquence de comorbidités psychiatriques de plus de 50 %, justifiant peut-être le recours à une posologie moyenne élevée de méthadone chez ces patients. La persistance de troubles du sommeil, reconnus comme un facteur de surconsommation de psychotropes en tout genre, doit alerter les équipes soignantes et justifier d’une démarche active pour leur prise en charge.