Dans le numéro de septembre 2005 d’American Journal of Obstetric and Gynecology, JJ Mac CARTHY et al. de SACRAMENTO ont publié leur dernier travail. Celui-ci avait pour objet d’évaluer l’effet d’une posologie élevée de méthadone sur la mère et le fœtus au cours de la grossesse. Pour ce faire, ils ont examiné rétrospectivement les données cliniques de 81 mères et de leurs nouveau-nés.
Cette cohorte a été divisée en deux groupes ; un groupe de femmes qui avaient une posologie supérieure à 100 mg/jour (posologie moyenne = 132 mg/jour) et un groupe de femmes avec une posologie inférieure à 100 mg/jour (posologie moyenne = 62 mg/jour).
Les résultats de cette étude montrent que :
- Il n’y a pas de différence dans les traitements mis en œuvre pour traiter le Syndrome d’Abstinence Néonatal des enfants nés des mères des 2 groupes, laissant suggérer que l’intensité et la fréquence de ces syndromes était la même dans les 2 groupes.
- Il n’y a pas non plus de différence dans le nombre de jours d’hospitalisation des nouveau-nés.
- En revanche, dans le groupe de mères bénéficiant d’une posologie supérieure à 100 mg, la consommation de drogues illicites à la fin de la grossesse était inférieure à celle du groupe de mères avec une posologie quotidienne inférieure à 100 mg.
Les auteurs concluent qu’une posologie considérée comme ‘élevée’ (moyenne = 132 mg/jour) n’est pas associée à une augmentation du risque de Syndrome d’Abstinence Néonatale, et qu’à l’inverse, cette posologie à un impact positif sur la consommation de drogues pendant la grossesse. Selon ces mêmes auteurs, une limitation arbitraire de la posologie de méthadone au cours de la grossesse pour limiter le Syndrome d’Abstinence Néonatal peut être contre-productive.
Commentaires du Pr Claude LEJEUNE (Hôpital Louis Mourier, Colombes)
Ce travail montre, à nouveau, qu’il est non seulement illusoire, mais aussi dangereux, d’espérer minimiser le risque de syndrome de sevrage néonatal (SSNN) en diminuant la posologie maternelle de méthadone pendant la grossesse.
Les femmes sous-dosées poursuivent ou reprennent des consommations de produits licites ou illicites, ce qui aggrave probablement le risque de SSNN et se surajoute aux risques propres de certains produits : alcool surtout, cocaïne-crack, benzodiazépines…
Elles risquent, en outre, d’être très vulnérables en post-partum, période critique pour l’établissement du lien mère-enfant.