Brève bibliographique publiée dans le Flyer Hors-série « Hépatite C & usagers de drogues », vol. 2 (nov. 2007), à partir de l’analyse de deux études « Follow-up studies of treatment for hepatitis C virus infection among injection drug users. Olav Dalgard. Clinical Infectious Diseases 2005 ; 40 : S336-38 »
L’injection de drogues constitue le mode de transmission principal de l’hépatite C en Europe et aux Etats-Unis.
La possibilité d’une réinfection par le virus de l’hépatite C (VHC) chez des usagers de drogues par injection (UDI) déjà infectés par ce virus une première fois a été étudiée.
Le système immunitaire ne semble pas capable de développer une immunité humorale ou cellulaire au VHC, c’est pourquoi des tentatives de mise au point d’un vaccin anti-VHC ont échoué. Quelques cas de réinfection pour le VHC chez l’homme ont déjà été publiés et les virus responsables des 2 infections chez un même patient n’avaient pas le même génotype.
L’article résume les résultats de deux études : l’une réalisée sur une cohorte de 69 UDI, et l’autre sur un groupe de 395 patients. Ces deux études ont évalué la réinfection de patients traités et guéris d’une première infection.
Dans l’étude portant sur les 69 UDI, 27 ont obtenu une RVP après traitement, 9 ont rechuté dans la toxicomanie et parmi ces 9 patients, un seul a présenté une réinfection au VHC ; l’incidence de réinfection est donc de 0,8 cas/100 personnes/an. Ce taux est très faible comparativement à l’incidence d’une première infection (15-40 cas/100 personnes/an) observée dans une population d’UDI non infectés.
D’après l’auteur, la faible incidence de réinfection observée pourrait s’expliquer, d’une part, par un bon respect des règles d’hygiène (seringues propres) des UDI participant à l’étude, et d’autre part, par une éventuelle (et partielle) immunité développée suite à la première contamination dans cette étude. La seconde étude portant sur 395 patients (dont 40% contaminés par UD) ayant une RVP après traitement, a également révélé une faible incidence de réinfection (1,8 %).
L’auteur conclut que chez les UDI, une réinfection au VHC après un traitement anti-VHC efficace est possible. L’incidence de réinfection reste faible, même si les UDI sont enclins, pour certains, à reprendre leur consommation de drogues après une période d’abstinence au cours du traitement anti-VHC.
Commentaire de la rédaction
Cette analyse de la littérature met en avant deux points essentiels.
En premier lieu, la mise en place d’une bi-thérapie de l’hépatite C n’a pas lieu d’être ajournée sous le seul prétexte qu’un usager de drogues peut potentiellement se réinfecter. En effet, le taux de réinfection observé suggère la mise en œuvre consciente d’une réduction des pratiques à risques pour les patients ayant été guéris de leur hépatite C.
Cet article suggère également que le suivi addictologique des patients ayant bénéficié d’une bi-thérapie de l’hépatite C doit se maintenir, voire se renforcer.
Une étude publiée récemment, sur laquelle nous reviendrons dans un prochain Flyer, prouve que la combinaison « Programme d’échange de seringues » + « traitement par la méthadone à une posologie > à 60 mg/jour » est efficace sur le taux de séroconversion à l’hépatite C et au VIH (Van Den Berg et al. Full participation in harm reduction programmes is associated with decreased risk for human immunodeficiency virus and hepatitis C virus:evidence from the Amsterdam Cohort Studies among drug users. Addiction, 102, 1454– 1462).