La prévalence des douleurs chroniques en France est estimée à 24%, selon une analyse des données de l’assurance maladie 2012-2013 présentée au congrès de la Société française d’étude et de traitement de la douleur (SFETD), qui s’est tenu à Nantes à la mi-novembre 2015. Les dernières données épidémiologiques françaises sur la prévalence de la douleur chronique ont été publiées en 2008, indiquent Chouki Chenaf de l’URM Inserm 1107 au CHU de Clermont-Ferrand et ses collègues dans le résumé de leur poster. Ils ont souhaité actualiser ces chiffres à partir des données du Système national d’information inter-régimes de l’assurance maladie (SNIIRAM). Les chercheurs précisent avoir utilisé l’approche de capture-recapture, une des principales méthodes utilisées en épidémiologie pour estimer la prévalence d’une condition pathologique, à partir du croisement de plusieurs sources d’information issues d’une même population.
A partir de l’échantillon généraliste des bénéficiaires (EGB), les patients présentant une douleur chronique ont été identifiés en croisant trois sources de données:
- les remboursements des traitements antalgiques identifiés par leurs codes ATC, la douleur chronique étant définie par une durée de traitement d’au moins six mois, sans diagnostic d’épilepsie ou de troubles psychiatriques;
- le Programme de Médicalisation des Systèmes d’Information (PMSI), en identifiant les patients souffrant de douleur chronique;
- les affections de longue durée (ALD).
En 2012-13, 63.475 patients distincts ont été identifiés, avec près de deux tiers de femmes (63%) et un âge médian de 69 ans. Les patients atteints de diabète ou d’une pathologie cancéreuse représentaient à eux seuls respectivement 14% et 15% des cas.
Seulement 41% des patients ont bénéficié d’un traitement médicamenteux sur cette période de deux ans. Ils ont eu au moins une prescription d’opioïdes faibles (73%), d’opioïdes forts (17%), d’antidépresseurs (17% de tricycliques, 48% d’inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine et 18% d’inhibiteurs de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline), d’antiépileptiques (35%) et d’AINS (55%), démontrant une polythérapie (associations ou prises successives).
Après modélisation selon la méthode de capture-recapture, la prévalence estimée en France de la douleur chronique était de 24%, ce qui est relativement conforme aux estimations retrouvées dans la littérature (entre 12% et 30%), souvent dérivées d’études de terrain.