Ndlr : Nous avons eu la surprise de recevoir en novembre 2014 une lettre recommandée avec accusé de réception, adressée au comité de rédaction de la revue, envoyée par 2 représentants de la firme Reckitt-Benckiser. Bénévoles dans la rédaction de la revue et soignants de différents secteurs (hospitaliers, pharmacie d’officine, associatifs, médecins généralistes…), nous n’avons évidemment de compte à rendre qu’à nos patients, mais certainement pas à une firme pharmaceutique soucieuse de défendre avant tout ses intérêts. Dans le but d’informer nos lecteurs, nous publions ici le droit de réponse qu’invoque la firme (« que nous [lui] accorde la loi.. »…), ainsi que le courrier (au ton hostile) l’accompagnant, cette décision ayant été prise par l’ensemble du comité de rédaction.
Nous laissons nos lecteurs juger de la pertinence de l’argumentation mise en avant dans ce droit de réponse. Nous remercions les représentants de la firme de nous inciter à réfléchir plus encore à la prise en charge thérapeutique et à l’intérêt du patient dont ils se déclarent soucieux !
Madame, Monsieur,
Nous nous adressons à vous en tant que Directeurs des Affaires Publiques et Médical de RB Pharmaceuticals France, société par actions simplifiée à associé unique, au capital de 50 000 €, immatriculée au Registre du Commerce et des Sociétés d’Evry sous le numéro B 525 134 862, dont le siège social est situé 15 Rue Ampère, 91748 MASSY CEDEX.
Le laboratoire RB Pharmaceuticals a pris connaissance de « l’E-dito n°3, 9 septembre 2014 / Médicaments et addictions, les tops et les flops des années passées et à venir (2) ! Suboxone » qui vise nommément notre entreprise et nos produits et a été diffusé par email, sous forme d’un écrit, le 9 septembre 2014.
Cet article a le mérite d’ouvrir, comme vous l’avez souligné, le débat de la prise en charge des patients dépendants aux opiacés pour lesquels il n’existe que trop peu d’alternatives thérapeutiques.
Néanmoins, nous sommes amenés à contester l’intégralité de cet E-dito, dont l’objectif principal nous semble être le seul dénigrement d’un médicament Suboxone® et notamment les passages suivants :
- Certaines études, non commanditées par la firme, qui semblaient montrer qu’en cas de remplacement de Subutex par Suboxone, à l’échelle d’un pays par exemple, cela n’avait pas d’incidence sur les pratiques d’injection (étude de Bruce, Malaisie).
- D’autres analyses, comme celle de Byrne (Flyer 53, page 18), qui laissent entendre que même pris par voie sublinguale, de la naloxone arrive sur les récepteurs opiacés et contrarie l’effet de la buprénorphine. Ce qui pourrait avoir comme conséquence la nécessité d’augmenter la posologie (ça tombe bien puisque le maximum autorisé par l’AMM est de 24 mg/jour, supérieur au maximum autorisé pour le Subutex qui est de 16 mg/jour).
Ceci étant précisé, nous vous demandons, par la présente, et par application des dispositions de l’article 6-IV de la loi n° 2004.575 du 21 juin 2004 pour la confiance dans l’économie numérique et du décret n° 2007¬1527 du 24 octobre 2007, d’adresser par email, au nom du droit de réponse que nous accorde la loi, à l’ensemble des destinataires de l’email du 9 septembre 2014 dans lequel figurait votre « E-dito n°3, 9 septembre 20141 Médicaments et addictions, les tops et les flops des années passées et à venir (2) ! Suboxone » le texte intégral figurant ci-après en italiques.
« Le laboratoire RB Pharmaceuticals a pris connaissance de « l’E-dito n °3, 9 septembre 2014 / Médicaments et addictions, les tops et les flops des années passées et à venir (2) ! Suboxone » qui vise nommément notre entreprise et nos produits et a été diffusé par email, sous forme d’un écrit, le 9 septembre 2014.
Cet article a le mérite d’ouvrir, comme vous l’avez souligné, le débat de la prise en charge des patients dépendants aux opiacés pour lesquels il n’existe que trop peu d’alternatives thérapeutiques.
Nous sommes, comme vous le signalez bien opportunément, tout à fait conscients des a priori et partis-pris qui semblent guider la rédaction de vos articles.
Nous souhaiterions néanmoins que vous puissiez garder à l’esprit l’intérêt du patient, quel que soit le traitement de substitution prescrit dans la mesure où ce traitement apporte un bénéfice.
Dans votre article, vous ne différenciez malheureusement pas l’usager de drogue – qui recherche un effet récréatif – du patient, qui a envie de sortir du monde de la drogue. En interrogeant ces deux populations différentes par rapport à leurs attentes, les réponses sont bien évidemment différentes (Etude Equator 2012 et E.Langlois-2011).
Certains points de l’E-dito mériteraient également d’être argumentés et étayés scientifiquement au-delà des seules allégations ou « sentiments » subjectifs.
Par exemple, vous référencez et commentez des études (étude de Bruce, Malaisie 2005-2006) dans lesquelles la buprénorphine haut dosage a été retirée du marché afin de la remplacer par Suboxone® sans aucune mesure d’accompagnement des patients favorisant une augmentation du mésusage.
Cette expérience démontre encore une fois que :
- les mesures trop restrictives sans accompagnement se traduisent par un échec
- le traitement de la dépendance ne peut reposer que sur des décisions politiques mais aussi sur une prise en charge globale, médicale, sociale et psychologique.
Ces mesures d’accompagnement sont indispensables et inhérentes au traitement et à son bon usage. Et c’est pourquoi, dans de nombreux pays, Suboxone® a pu très largement prendre sa place, reconnu par les autorités publiques comme une alternative thérapeutique utile pour la prise en charge de cette population.
Autre exemple, l’analyse de Byrne (Flyer 53, page 18), fût-elle subjective, « qui laisse entendre que même pris par voie sublinguale, de la naloxone arrive sur les récepteurs opiacés et contrarie l’effet de la buprénorphine. Ce qui pourrait avoir comme conséquence la nécessité d’augmenter la posologie (ça tombe bien puisque le maximum autorisé par l’AMM est de 24 mg/jour, supérieur au maximum autorisé pour le Subutex qui est de 16 mg/jour). »
Cette « analyse » repose sur 2 études :Preston 1990 ; étude menée chez 9 patients avec la naloxone seule, administrée par voie sublinguale et Hâkkinen 2013 ; étude pharmacologique dont l’objectif est de valider une méthode d’analyse des concentrations urinaires de la naloxone, de la buprénorphine et de la norbuprénorphine à différents stades du traitement pour évaluer l’observance.
Il est à noter qu’aucune de ces deux études n’a pourtant conclu que Suboxone® est moins efficace que la buprénorphine.
Par ailleurs, l’argument autour de la prétendue « nécessité d’augmenter la dose maximale de Suboxone® à 24 mg/jour car moins efficace que la buprénorphine » n’est pas recevable car la dose maximale de Subutex®/buprénorphine haut dosage, dans d’autres pays européens comme par exemple le Royaume-Uni, Irlande, Italie, Suisse ou Malte, est de 32 mg/jour.
En synthèse et au-delà du manque d’objectivité et de rigueur scientifique de votre E-dito, Suboxone® est et demeure une alternative thérapeutique dont bénéficient plusieurs millions de patients au travers le monde. Aujourd’hui, 5 000 patients français sont traités par Suboxone®. Les patients français seraient-ils, fondamentalement différents des autres patients dépendants aux opiacés traités à travers le monde ?
Les rapports publics récents, les médecins, les patients, soulignent la nécessité de mettre à disposition de nouvelles alternatives thérapeutiques à la buprénorphine haut dosage et à la méthadone. Il s’agit d’élargir en France les outils thérapeutiques à disposition.
Le consensus et la force collective sont bien plus bénéfiques afin d’avancer dans la qualité de prise en charge des patients dépendants.
La mission de RB Pharmaceuticals en tant que laboratoire pharmaceutique engagé dans l’addiction et ayant découvert la buprénorphine, est, d’améliorer la prise en charge des patients dépendants aux opiacés et donner accès à différentes alternatives thérapeutiques. »
Et en guise de conclusion…
Nous sommes bien entendu à votre disposition pour échanger de façon constructive sur tous ces points qui peuvent ouvrir un débat intéressant, dans la mesure où ce débat reste centré autour de l’intérêt du patient.
Dans l’attente de voir le texte ci-dessus adressé à l’ensemble des destinataires de l’email contenant l’E-dito n° du 9 septembre 2014 », nous vous prions, Madame, Monsieur, de bien vouloir agréer nos respectueuses salutations.
Signé par Arnaud Bresson, Directeur des Affaires Publiques et le Dr Mohamed Farah, Directeur Médical de RB Pharmaceuticals.